Entretien d’embauche : faut-il évoquer le handicap ?

IDDHEA se penche sur la question du handicap en entretien d’embauche. Depuis la promulgation de la loi de 2005, les entreprises sont tenues d’atteindre un quota de 6% de personnes en situation de handicap au sein de leurs structures. Ces chiffres sont cependant encore loin d’être atteints et beaucoup de candidats hésitent encore à évoquer leur handicap au moment du recrutement. Pourtant, au-delà de ce qu’impose la loi, un travailleur en situation de handicap est une opportunité RH pour toute entreprise. Alors, faut-il évoquer ou non son handicap lors d’un entretien d’embauche ? Et si oui, quand et comment faut-il s’y prendre ?

Une question de contexte

Lorsque l’effectif d’une entreprise dépasse 20 personnes, cette dernière doit intégrer 6% de salariés en situation de handicap ou reverser une compensation à l’Agefiph. Il peut alors être bon pour le candidat titulaire d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) de se renseigner, en amont de l’entretien, sur la politique RH de l’entreprise, de voir si cette dernière intègre le handicap et si elle communique sur le sujet. Auquel cas, il peut être avantageux d’évoquer sa situation. D’autant plus que certaines structures sont à la recherche de profils « rares », les personnes porteuses d’un handicap avec un haut niveau d’études étant peu nombreuses.

Par ailleurs, suivant la nature du travail, il peut être hasardeux de cacher son handicap à son futur patron. En cas de fatigue ou d’absences régulières, ce dernier pourrait se montrer beaucoup moins réceptif quant aux besoins du salarié. En revanche, être honnête dès l’entretien sur les aménagements nécessaires permettra à l’entreprise de faire en sorte que l’employé soit dans les meilleures conditions pour faire preuve de ses compétences.

Mais il n’est pas toujours évident de se renseigner sur la politique d’une entreprise en matière de handicap. Avec la réalité actuelle du marché du travail, il est compréhensible de ne pas vouloir effrayer le potentiel employeur en mettant en avant des points qu’il pourrait voir comme négatifs. Dans cette logique, il est d’ailleurs déconseillé d’évoquer le sujet directement dans son CV. Il se peut également que le handicap ne soit pas du tout un frein dans le quotidien professionnel et ne nécessite aucun aménagement particulier. Dans ce cas, libre au candidat d’évoquer ou non son handicap au cours de l’entretien d’embauche. Il est tout de même conseillé de se diriger vers la Mission Handicap de l’entreprise après la prise de poste, en cas d’évolution des besoins du salarié.

Comment présenter les choses ?

Comme nous l’avons vu plus haut, se renseigner sur la politique de l’entreprise en matière de handicap contribuera grandement à faciliter les choses. Dans tous les cas, l’objet de l’entretien concerne avant tout le poste que souhaite occuper le candidat. Le handicap n’étant pas un frein au talent, il convient donc en premier lieu de mettre en avant ses compétences et son savoir-faire. Après quoi, il est toujours possible, vers la fin de la rencontre, d’expliquer en quelques mots et simplement la nature de son handicap, de manière à rassurer l’interlocuteur qui n’est pas nécessairement au fait de ces problématiques. Dans la même logique, il n’est absolument pas négatif que ce dernier pose des questions pour en apprendre davantage, pourvu que l’on reste calme et ne se perde pas en détails superflus.

S’il y en a, il est plutôt recommandé d’évoquer toute contre-indication de manière positive. En effet, une phrase volontaire comme « je peux effectuer cette tâche pendant X heures » passera toujours mieux que « Je ne peux pas effectuer cette tâche plus de X heures ». Par ailleurs, il ne s’agit pas non plus d’exagérer ses capacités et de vendre son handicap comme une force, mais d’évoquer ce qu’il peut avoir apporté en termes de savoir-être (autonomie, capacité d’adaptation, pugnacité, etc.). En adoptant une attitude positive sans en rajouter, le candidat montre alors sa motivation et prouve que son handicap n’est pas un obstacle mais simplement une caractéristique qui lui appartient.

Pour finir, les recruteurs apprécient également de rencontrer des candidats maîtrisant un minimum les bases de la loi sur le handicap. Ainsi, il ne faut pas hésiter à lui faire savoir qu’il répond à l’obligation d’emploi en recrutant un travailleur en situation de handicap ou que tout aménagement peut être pris en charge par des associations comme l’Agefiph.